Sur le problème des personnages dans la poésie historique au XIXe siècle: les romances históricos du Duc de Rivas 1841

Resumo

(le premier paragraphe de article)

Le lecteur qui découvre pour la première fois les Romances históricos du duc de Rivas est frappé par l'abondance, la profusion même, des personnages. Incontestablement, il y en a beaucoup plus que dans le romancero traditionnel, dont l'optique — il est orai — était sensiblement différente. Déjà les romances moriscos, avec leur exubérance naturelle, ouvraient une nouvelle étape. Mais le jeu litté,- rake l'emportait, souvent, sur d'autres considérations. Sous la plume du duc de Rivas, il n'en va pas de même. Avec lui, le genre connait un renouveau digne d'intérêt. Le cadre a changé, les époques et le style aussi; quant aux personnages, ils offrent les plus grandes divergences avec la tradition considérée comme révolue, comme anachronique. L'atmosphère n'est plus à la Reconquête, militaire et religieuse, de l'Espagne, mais à la consolidation d'une certaine unité na-tionale. Il ne s'agit plus de placer la Castille et le héros castillan au coeur du débat, il ne s'agit plus d'éliminer les particularismes historiques, il ne s'agit plus seulement de prôner la mission historique et religieuse de l'Espagne, il ne s'agit même plus de défendre l'Espagne d'une seule religion en triomphe et d'affirmer l'omniprésence de la doctrine du Christ. Il y a bien davantage. Sans doute le duc de Rivas, comme nous le verrons, est-il toujours préoccupé d'exalter le sentiment national: mais, pour cela, force ne lui est point de créer un personnage artificiel comme Bernardo del Carpio, symbole de l'honneur espagnol triomphant, non plus que d'exalter un Cid aux multiples facettes, ni enfin de ressusciter un Fernán Gonzalez. II ne se complait pas dans un passé révolu, il prefère incontestablement tourner le regara vers des problèmes différents, bien plus représentatifs de l'Espagne des temps modernes.