Du concept d’immanence chez Hjelmslev

Résumé

Certaines questions apparaissant comme des apories dans le domaine scientifique peuvent à l’occasion résulter de la persistance de telle ou telle croyance. La linguistique a battu en brèche un certain nombre de ces croyances, dont par exemple la norme en grammaire traditionnelle ; à l’instar de la Loi, la norme est dépourvue de fondement logique et relève plutôt, comme celle-là, de l’imposition d’une vérité. Aux yeux de la science, pourtant, il n’y a pas de vérité irréfutable. Les sciences de la signification butant souvent sur le concept d’immanence, il est permis de penser que celui-ci ne constitue un écueil que parce qu’on le conçoit comme quelque chose d’autocentré et d’arrêté une fois pour toutes. Puisque la notion d’immanence occupe une place non négligeable dans nos propres recherches, un examen de sa signification s’impose afin de mieux cerner les tenants et les aboutissants des perplexités qu’elle suscite. Dans la présente étude nous essayons de faire le point sur deux acceptions de l’immanence telle que celle-ci se donne à lire dans les Prolégomènes à une théorie du langage de Louis Hjelmslev ; en outre, il s’agit de vérifier si et dans quelle mesure une telle distinction aurait des retombées pour la théorie sémiotique de l’École de Paris. Loin de prétendre à une quelconque exhaustivité, les résultats qu’on va lire ne sont pour l’instant que le bilan partiel d’une réflexion en cours de développement.